L'église

Extrait d'une monographie consacrée à l'église de Florentin produite par le groupe PATRIMOINE de l'association ARLEQUIN. 
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XIIe siècle : Situé sur la rive gauche du Tarn et sur un des premiers coteaux qui dominent la vallée  à partir d'Albi, le site de Florentin ne put rester longtemps inaperçu. Ce lieu de Florentin devait déjà être habité puisque l'on trouve des archives attestant de dons de certains droits seigneuriaux en faveur de l'Abbé de Candeil par Raimond de Rigal de Florentin(1177).
 XIIIe siècle: Dans les temps troubles  de la croisade des Albigeois et dans une période où pour regrouper des populations souvent dispersées et apeurées, les seigneurs laïques et ecclésiastiques multipliaient la création de Bastides….
La région de l'Albigeois (sous le nom de la Seigneurie de Castres) appartenait à Philippe II de Monfort qui construisit à Florentin un château fort entouré de murs. Pour fixer la population environnante, il accorda alors en octobre de l'année 1260, une charte qui donnait des libertés et des franchises[1].
 XIVe siècle : Durant la période trouble du XIVe siècle qui est marqué par les "Malheurs du temps" peste, famine et guerres. Le mariage de Laure de Montfort, fille de Philippe II apporta à son mari Bertrand de Comminges ses droits sur une partie de la seigneurie de Castres. Son fils, Gui de Comminges eut dans le partage les terres de Fiac, Terssac, de Cadalen et sûrement de Florentin Avec son complice notamment Amalric vicomte de Lautrec, d'Ambres et d'Aussac,  Gui de Comminges fut à l'origine de nombreuses déprédations ce qui le fit qualifier de "mauvais seigneur[2]" alors que celui-ci se faisait appeler le « roi d’Albigeois[3] » Mais nous devons placer dans  un temps particulièrement difficile celui de la guerre de cent ans, des Anglais avec le passage du Prince Noir (le Prince  de Galles) vers 1355,les destructions des routiers et avec une peste endémique qui  ne cesse de faire des ravages réguliers dans les années 1348, 1361. D'ailleurs, il  faudra attendre le début du XVIIIe siècle pour que cette terrible maladie ne sévisse plus.
 XVIe siècle: Alors que toute la région est marquée par les troubles liés aux guerres de religion (1559-1629) prétexte aux affrontements seigneuriaux, Florentin semble  avoir échappé à sa destruction ce qui ne fut pas le cas d'Orban et surtout Lasgraisses qui fut brûlé en 1575[4].  Elle fut occupée par les Catholiques et la ligue y eut ses fervents adhérents alors que Castres mais surtout nos voisins Poulan, Pouzols, Cadalen, Réalmont, Lombers, Terssac et Lagrave en 1573 passèrent dans le camps des protestants… Dans ce contexte difficile, on peut penser que l'installation du premier curé à Florentin en 1613 s'inscrit dans l'idée que la commune représentait une terre catholique de référence.
 XVIIIe siècle: La région est marquée par une certaine tranquillité, la France sous la domination de Louis XIV connaît alors l'apogée de l'absolutisme. L'Eglise de Florentin est dans un état très convenable malgré plusieurs réparations qui sont signalées comme le prouve la visite de Monseigneur Legoux de la Berchère (le 13 juin 1700).
Le chœur, plus étroit que la nef, était voûté à arête d'ogives et éclairé par deux grandes fenêtres ; il était orné d'un grand retable en bois formé par deux colonnes avec chapiteaux sculptés, supportant un fronton triangulaire au milieu duquel était une grande niche qu'occupait un crucifix.  La nef avait trois chapelles, dont deux du côté de l'épître (à droite en regardant le chœur), voûtées à arête. La première chapelle du côté de l'épître ouvrait dans le chœur; elle était dédiée à l'annonciation de la Sainte Vierge, et était la chapelle du seigneur (baron de Nupces), qui y avait sa sépulture; la seconde était affectée à une famille de Nupces, autre que celle des de Nupces seigneur de Florentin (…)
La chapelle, de côté de l'évangile, était décorée d'une grande statue de bois représentant la Sainte Vierge ; une chapellenie y avait été fondée et dotée de 15 livres de revenu: le curé de Notre-Dame-d'Auch en était le chapelain.  Dans la Nef, il y avait un autel adossé contre les piliers du chœur, un de chaque côté; celui de l'épître était consacré au rosaire, et orné d'un grand tableau et d'une statue en bois doré de la Sainte Vierge ; l'autre présentait deux statues d'anges et un tableau de saint Roc et de saint Sébastien.  La nef était ornée de trois tableaux.  La chaire, du côté de l'évangile, était en pierre avec un abat-voix.  Dans le chœur, du côté de l'évangile (à gauche), était une grande pierre tombale avec cette inscription : « Hic jacet dominus Bernadus Seguier abbas St Michaelis galliaci, qui obiit die vigesima quarta mensis madii anno Domini 1538, » traduit par (ici gît Dom Bernard Séguier abbé de St Michel de Gaillac il mourut le 24e jour du mois de mai de l'an du Seigneur 1538), et des écussons portant un lion avec trois coquilles en chef. (Voir le mystère de la pierre tombale)
La sacristie était sous le clocher de forme carrée dans le bas et octogone dans le haut.  Ajoutons que le sanctuaire est polygonal et que la clef de voûte porte gravée le monogramme du Christ, I.H.S., ses deux fenêtres sont ogivales avec meneau en pierre sculptée."
  La Famille de Nupces  qui avait fait fortune par le commerce du Pastel prit la possession de la seigneurie de Florentin  dans ce XVIIe siècle Guillaume de Nupces, conseiller au Parlement de Toulouse maria sa fille unique au marquis de Pierre Antoine  de Lespinasse de Champeaux, conseiller au Parlement qui devient le seigneur de Florentin. Celui voulut imposer son nom d'où des variantes dans les noms de Florentin, marquisat de Lespinasse, Lespinassse-Florentin …Ce seigneur connut une triste fin avec son fils Jean-Joseph-Catherine car ils furent exécutés sur l'échafaud le 14 juillet 1794 à Paris (?) durant la grande Terreur qui s'acheva quelques jours plus tard avec l'exécution de Maximilien Robespierre suite au 9 Thermidor an II  (le 27 juillet 1794
 XIXe siècle: Malgré cette double disparition, la famille De Nupces  reste les  propriétaires du Château jusqu'en 1869 avec quelques terres. L'Ultime héritière, religieuse de St Vincent de Paul Mère Supérieure de l'hôpital de Versailles vendit le château au Baron De Cazes…Cependant, les divers propriétaires du château feront toujours preuve de générosité ainsi que d'autres familles envers notre Eglise. Sous l'action de curés déterminés notamment Mr Lacroux (1821-1863) soit 42 ans  et avec l'appui financier de la famille Lespinasse, l'Eglise avait alors connu  certains changements comme l'achat de l’autel en marbre qui se trouve aujourd'hui dans  la chapelle du sacré-cœur, la pose du carrelage en pierre taillée  du chœur et l'appui de communion, ainsi que diverses réalisations comme par exemple l'achat d'une cloche en 1838.
Le contexte y était favorable puisque le Concordat facilitait les relations et contribua à apaiser les esprits…
Mais c'est surtout la  deuxième moitié du XIX qui donna l'aspect actuel à notre Eglise…
Déjà en 1864, avait eu lieu divers aménagements comme le déplacement de la sacristie…
En  effet, c'est en 1882-1883 qu'ont été décidés les plus importants changements grâce à une souscription volontaire (le Baron de Cazes, et les familles Dussap, Rudelle, Soulages et Mr le Curé, l'abbé Carel en furent les principaux souscripteurs), d'abord avec l'élévation de  la charpente de 2.5 m
afin de la désolidariser de la voûte et d'ouvrir trois chapelles tout en élargissant celle-ci sans compter le porche d'entrée et surtout la flèche, le clocher financé par la famille Rudelle permet à notre village de dominer la vallée du Tarn.
En 1886, le nouveau maître autel, la chaire de marbre et la statue de St Antoine furent acquis.
Enfin en 1897, pour faire face au manque de lumière et à l'écrasement que la voûte imposait aux visiteurs, le conseil de la Fabrique a  décidé d'ouvrir des fenêtres au-dessus des arceaux des chapelles et de racheter l'ancienne mairie que se trouvait alors  sous le clocher, pour  2000fr. En fait, à la fin du XIXe siècle, on peut considérer que notre Eglise avait terminé sa grande mutation  et qu'elle présentait son aspect actuel à deux ou trois détails près…
 XXe siècle
 Le dernier siècle connut quelques aménagements intérieurs (Chemin de croix, harmonium, peintures en 1900 N D Du  Rosaire et certaines retouches (Ne pas oublier néanmoins l'électrification) En revanche l'extérieur connut des aménagements qui placent notre Eglise dans les plus originales de la région avec surtout la porte d'entrée où sur son tympan  trône:
 
                       "République française, Liberté, Egalité, Fraternité" 
 
 La mémoire collective aurait attribué cela à la municipalité de Gaubert en 1904, ce qui paraît logique puisque l'Histoire de la séparation de l'Eglise et de l'Etat nous amène dans les années 1904-1905 du temps d'un président du conseil Emile Combes, radical farouchement anticlérical, Tarnais de naissance.
 Les relations entre l'Etat et ses représentants et l'Eglise furent alors tendues. En 1902, à l'occasion d'une mission, il avait été décidé d'implanter une croix monumentale sur la place de l'Eglise. Le préfet s'y étant opposé, cette croix fut mise dans l'entrée …puis elle finit dans un placard
 Avec cette séparation de l'Eglise et de l'Etat, La IIIeme République ne reconnaît aucun culte mais garanti le libre exercice de tous. Les biens de l'Eglise, après inventaire doivent être attribués à des associations Culturelles…. Aucune archive, ni délibération municipale ne nous a permis dater précisément ce symbole mais cela prouve combien notre village fut tenu par une municipalité profondément Républicaine ancrée dans la tradition du Radicalisme dont les principes portaient sur l'instruction, liberté fondamentale, égalité sociale, défense de la propriété et pour finir la laïcité…Cependant, cela se faisait visiblement dans une certaine concorde puisque l'inventaire qui donnait suite à la loi de séparation ne fut marqué par aucun incident alors  qu'à Roquecourbe il fallut recourir à la force publique…
En 1908, fut voté par le conseil municipal le 11 juillet 1908 l'achat (400francs) de l'Horloge publique qui trône sur le clocher[5]. Dans les années d'après guerre, l'abbé Beaute fit  le tableau d'honneur de nos morts à la guerre de 1914-1918 avec notamment pour l'année 1915, Germain Auriol, un fils de Florentin  mais aussi le maire de la commune… Nos pensées accompagnent nos héros sacrifiés.
Enfin, l'année 2000 fut marquée par la fin de la rénovation extérieure qui avait débuté dans les années 90. Désormais on peut admirer un ensemble en pierre plutôt équilibré…


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